Vous avez peut-être remarqué qu’en France, la majorité des casinos se trouve en bord de mer, dans de charmantes villes balnéaires regroupant également des hôtels chics, des zones thermales et autres plaisirs ludiques propices aux divertissements. Est-ce un hasard ? Doit-on cette implémentation à la simple beauté des paysages environnants ? Pas vraiment. Découvrez pourquoi les casinos sont en bord de mer, entre faits historiques et réalité économique.
Pourquoi les casinos sont dans les villes d’eaux ?
En France, les casinos sont principalement implantés dans les villes d’eaux en raison d’une loi de 1907 qui visait à limiter les jeux d’argent tout en favorisant le tourisme. À l’époque, les villes thermales (ou « villes d’eaux »), fréquentées par une clientèle aisée pour leurs sources naturelles et soins de santé, étaient considérées comme des lieux privilégiés où les casinos pouvaient être tolérés. Cette réglementation permettait de concilier santé et loisirs, tout en encadrant l’activité des jeux d’argent dans des lieux spécifiques.
Mais revenons plus en détails sur les facteurs qui ont menés à une telle implémentation.
Napoléon et les jeux d’argent
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les jeux d’argent sont un problème en France : ils entrainent des querelles, créent une addiction forte, entrainent des cas de surendettements et la réputation qui les précèdent – depuis des siècles – ne joue pas en leur faveur. De plus, l’argent dépensé par les joueurs, dans un cadre illégal, n’entre pas dans les caisses de l’État, ce qui pousse les dirigeants à agir. Toutefois, jusqu’ici, les tentatives de lutter contre cette pratique n’ont rien donné de concluants, entraînant, tout au plus, la création de divers réseaux clandestins où cette pratique continue à se perpétrer.
C’est ainsi qu’en 1804, Napoléon Ier décide de donner un cadre légal au jeu d’argent en créant un décret officiel de jeux. Une première décision, suivie en 1806 par une loi qui autorise l’ouverture d’un casino dans une station balnéaire et dans une ville thermale.
L’idée est simple : mieux contrôler le jeu d’argent en le concentrant dans des établissements officiels, dynamiser certaines zones peu peuplées et/ou villes de petites tailles, et offrir un cadre de jeux somptueux à une clientèle aisée, qui fréquentent alors ces lieux.
C’est pourquoi les casinos sont en bord de mer depuis cette époque, et même si des évolutions législatives ont permis à certains établissements de s’implémenter ailleurs, la plupart sont tout près de l’eau.
Un signe de richesse sociale
La décision de Napoléon 1er n’est pas anodine, puisque les stations thermales et les villes balnéaires accueillent une clientèle bourgeoise, qui vient se relaxer et profiter de l’attrait de ces lieux, lors de son temps libre. Il y a donc une forme de prestige social, qui vont faire des casinos implémentés en bord de mer des lieux où il faut être présents, quand on est de la haute société. Changeant ainsi l’image négatives liées aux jeux d’argent.
À cette époque, les cures thermales redeviennent à la mode en France et les plus aisés peuvent profiter des petites villes réputées pour les bénéfices de leurs eaux. Pour cela, les casinos représentent ainsi une activité annexe, un vrai divertissement après une journée relaxante, qui vont transformer les villes thermales et les stations balnéaires en véritables centres de loisirs.
De nos jours, les casinos les plus prestigieux ont toujours cette image d’élégance et les fréquenter, dans des tenues élégantes (voir comment s’habiller pour aller au casino) qui reste associé à une certaine aisance financière.
Une vue imprenable
Difficile de trouver plus agréable que la vue sur la mer pour se faire du bien. Le fait que les casinos soient installés en bord de mer permet aux joueurs de passer leurs journées dans un cadre des plus relaxants, avec possibilités de se promener sur le bord de mer, de profiter des plages, de déjeuner dans un restaurant du littoral, le tout, dans un cadre magnifique. Une combinaison idéale à la fois pour se détendre, mais aussi pour être dans de bonnes dispositions à l’heure de jouer dans un casino.
D’ailleurs, Napoléon 1er aurait choisi les stations thermales et les villes balnéaires également pour ce point, en indiquant que le cadre apaisant de ces zones contrebalancerait parfaitement avec la frénésie du jeu qu’on expérimente au sein de ces établissements.
Les avantages économiques et touristiques
L’installation d’un casino dans une ville la redynamise et peut lui donner un nouvel essor. C’était l’un des objectifs premiers et cela fonctionne toujours aujourd’hui, car les casinos attirent des joueurs venus des quatre coins du monde. Ils opteront, pour leurs weekends ou leurs vacances, pour des destinations offrant à la fois du divertissement (casino, bars, restaurants), un cadre détente (la mer, la plage, de jolies promenades) et toutes les commodités nécessaires.
Pour une ville ou une région, les retombées économiques peuvent être conséquentes et elles permettent des investissements structurels importants, pour améliorer la zone. Il suffit de voir les villes avec de grands casinos, comme Vichy, Aix-les-bains ou Cannes, pour ne citer qu’elles, pour avoir une idée des bénéfices que peuvent offrir ses établissements. Ils sont en plus propices à la création de dizaines, voire de centaines d’emplois, en tenant compte des prestataires de services.
L’association ville balnéaire / casino est donc bénéfique pour les deux parties, avec une ville qui profite de la présence d’un casino pour attirer du monde et se développer dans plusieurs secteurs, et des casinos qui vont générer des revenus et profiter du développement des commodités d’une ville, pour répondre à toutes les attentes de vacanciers venus passer les meilleurs moments possibles.
Pourquoi il n’y a pas de casino dans les grandes villes ?
Au départ, la loi imposait aux casinos de s’installer dans de petites villes (moins de 500 000 habitants), pour les aider à se développer en attirant à la fois des joueurs / vacanciers et des capitaux tout en évitant les déboires des grandes villes.
Au fil des ans, les casinos ont gagné le droit de s’implanter dans des villes plus grandes ou dans des zones en bord de mer. Dès 1907, ils étaient autorisés dans les stations touristiques de montagne, et des dérogations ont permis à certains d’ouvrir à proximité des grandes villes. C’est le cas de celui d’Enghien-les-Bains, seul casino d’Île-de-France, qui est présent dans le rayon jusqu’alors interdit de 100 km autour de Paris.
La loi s’assouplit dès 1988 (avec l’article L321-1 du Code de la sécurité intérieure) et les casinos gagnent le droit de s’installer dans des villes de plus de 500 000 habitants, ce qui était prohibé jusque-là. C’est ainsi que certains établissements vont voir le jour à Lyon ou à Bordeaux.
Où peut s’installer un casino ?
La loi stipule qu’un casino peut s’installer, outre en bord de mer, dans des « villes ou stations touristiques constituant la ville principale d’une agglomération de plus de 500 000 habitants et participant pour plus de 40 %, le cas échéant avec d’autres collectivités territoriales, au fonctionnement d’un centre dramatique national, ou d’une scène nationale, d’un orchestre national et d’un théâtre d’opéra […] et une activité équestre importante, à condition d’avoir organisé au moins dix événements équestres au rayonnement national ou international par an entre le 1er janvier 2018 et le 1er janvier 2023 ».
Toute installation doit se faire en accord avec le ministère de l’Intérieur et la Collectivité Territoriale. Il est possible de demander des dérogations, si le lieu envisagé n’entre pas dans le cadre énoncé dans la loi.
À ce jour, en France, on dénombre un peu plus de 200 casinos, la plupart en bord de mer, répartis sur 196 communes.
Enfin, notons que la nouvelle loi du 5 décembre 2023, visant à réduire les inégalités territoriales, autorise désormais l’implantation de casinos de jeux dans les communes qui, au 1er janvier 2023, abritent le siège d’une société de courses hippiques ainsi que le site historique du Cadre noir ou un haras national ayant organisé au moins dix événements équestres d’envergure nationale ou internationale par an entre le 1er janvier 2018 et le 1er janvier 2023.